Bonjour, un petit up pour un sujet qui me tient à cœur : la problématique de l’hydrogène en tant que vecteur énergétique (et non carburant comme on l’entend souvent).
Mais tout d’abord, pour ce premier post, une petite présentation s’impose ici puisque que le forum dédié semble verrouillé.
Je travaille à Toulouse depuis une dizaine d’année dans le domaine des systèmes embarqués aéro et spatiaux, en tant qu’un ingénieur.
Je ne travaille donc pas directement dans le domaine des énergies ou des transports mais je me passionne depuis longtemps pour les véhicules du futur et leur impact écologique.
Je consulte ce site depuis le début, donc presque 9 ans, avec toujours le même intérêt grâce à une certaine indépendance de ton et une analyse souvent pertinente.
Toutefois l’envie de commenter ces articles m’a souvent démangée mais le prix d’accès au forum de 6€ (et non 5€, et oui avec la TVA, merci de rectifier) m’avait laissé légèrement frustré. Je reconnais tout de fois que le fait de payer pour accéder au forum évite pas mal de
remarques inutiles et autre « troll ».
Mais cette fois, à cause (grâce à ?) cet article
http://www.moteurnature.com/actu/uneact ... s_id=24115 je n’ai pas pu m’empêcher de m’inscrire.
En effet, annoncer que 9 € au 100 km est moins cher que l’essence semble clairement partiale comme le fait remarquer
cobra9 dans ce post :
viewtopic.php?f=18&t=1305
Surtout si l’on se base sur un véhicule essence dernière génération équivalent à une Classe B h, la Prius III semble en effet consommer environ 4,5 à 5 l/100 en usage réel selon la plupart des premiers essais ce qui nous fait environ 6 à 6,5 € pour 100 km, donc 30% de moins que l’hydrogène.
Et il est probable que ce prix du kilo d’hydrogène ne comprend pas de taxes qui seront forcément ajoutées à terme, l’Etat ne pouvant renoncer à cette source de revenue.
Mais c’est surtout à la lecture du présent sujet que je voudrais réagir, puisqu’il soulève la problématique cruciale de la production de l’hydrogène.
Désolé par avance pour ce post un peu long mais il me semble nécessaire d’argumenter mes propos pour éviter des réactions lapidaires.
Il semble qu’
Elji, que je salue, travailles en tant que consultant expert dans le domaine des transports et de l’écologie (
http://www.moteurnature.fr/) et semble donc défendre coûte que coûte le choix de la PAC et je m’interroge sur ce choix définitif en écartant toute autre solution.
Tout d’abord, il est bon de rappeler que l’hydrogène n’est pas un carburant mais un vecteur énergétique, comparer l’ère hydrogène et l’ère pétrole n’a donc pas de sens.
En effet, quel que soit son mode de fabrication, sa production nécessitera au final toujours plus d’énergie qu’il ne pourra en fournir si on considère aussi l’énergie potentielle chimique contenue dans la matière première qui entre dans sa fabrication (éthanol, pétrole gaz naturel…).
L’hydrogène n’est donc qu’un moyen intéressant de stocker et transporter une énergie primaire qui doit donc être vraiment propre pour parler de « zéro émissions ».
Je suis d’accord que les solutions propres existent : on peut le fabriquer à partir de bioéthanol de seconde génération, de biogaz, du vent, du soleil, des courants marins, la géothermie (en Islande par exemple) ou de l’uranium ( propre ?).
Mais la véritable question qui n’a été qu’évoqué par
overdose, est bien celle du rendement global.
Pourquoi utiliser ces énergies pour produire de l’hydrogène au lieu de les utiliser directement pour faire avancer notre chère bagnole ? On sait déjà très bien le faire avec le bio-gaz et le bio-éthanol.
Certes les moyens de stockage de l’électricité fournie par les autres sources d’énergies sus-cité ne sont pas encore convainquant même s’ils sont à la mode.
Les accumulateurs quelle que soit leur technologie pose le problème du temps de chargement, de leur rapport poids/énergie stockée, de l’autonomie, de la puissance disponible et surtout de leur coût.
Ces inconvénients sont toutefois comparables à ceux du stockage de l’hydrogène avec le problème supplémentaire de la sécurité. Une batterie reste nettement moins dangereuse qu’un réservoir d’hydrogène liquide aussi solide soit-il.
Certes beaucoup de progrès ont été faits dans le domaine du stockage et de la productions d’hydrogène mais cette remarque est tout aussi vraie pour les autres alternatives.
Et si l’on considère la question du rendement global, tout juste abordé à la fin de ce sujet, l’hydrogène abandonne selon moi tout intérêt :
rendement:
stockage conversion moteur global
Bio-Ethanol: 100,00% 99,00% 50,00% 49,50%
Bio-Gaz: 80,00% 99,00% 50,00% 39,60%
Electricité: 85,00% 96,00% 90,00% 73,44%
Hydrogène: 75,00% 60,00% 90,00% 40,50%
Le rendement de stockage comprend la compression ou le refroidissement du bio-gaz ou de l’hydrogène pour arriver à une phase assez compacte pour être stocker et pour l’électricité cela comprend les pertes lors de la charge. Le rendement de 50% pour un moteur à combustion interne peut paraître optimiste mais dans il suppose une hybridation (même légère).
Et pour avoir un rendement global, du puits à la source, il faudrait ajouter le rendement de productions de l’énergie primaire ou de l’hydrogène, ce qui est assez difficile à calculer étant donné la grande variété des possibilités d’extraire et de transformer les énergies primaires et l’hydrogène.
Cependant, il est évident que l’hydrogène ajoute dans tous les cas possibles une étape supplémentaire de transformation par rapport aux autres sources d’énergie citée et donc des pertes énergétiques puisque qui dit transformation dit rendement inférieur à 1 selon les principes de base de la thermodynamique.
Ces nombres sont issus d’infos glanées sur le net, je ne peux pas citer toutes les sources, mais je peux garantir qu’elles sont assez fiables, comme par exemple certains articles du magazine la Recherche d’octobre 2002:
http://www.larecherche.fr/content/reche ... le?id=6038 et
http://www.larecherche.fr/content/reche ... le?id=6041 .
Cette conclusion est d’ailleurs partagée par le rapport Syrota ( disponible ici en version intégrale :
http://www.lepoint2.com/sons/pdf/rappor ... trique.pdf ).
Et je m’étonne, peut-être naïvement, que ce rapport très complet n’ait pas été cité sur ce site, car même s’il est en désaccord avec les convictions d’
Elji, puisqu’il écarte la solution de l’hydrogène et du tout électrique pour le futur de l’automobile à moyen terme (2030), il a tout de même était établi avec l’avis d’experts reconnus dans chaque domaine et il sert très probablement à déterminer les choix politique du gouvernement pour les transports.
Et au-delà de l’effet de mode, les décideurs de l’industrie automobile sont bien conseillés, je pense, et assez intelligents pour comprendre que la vraie solution d’avenir et celle de l’électricité et/ou des bio-carburants selon les évolutions technologiques comme le montre l’orientation des investissements actuels.
L’hydrogène reste une technologie d’ « image » qui est certainement plus efficace pour verdir l’image de marque que réellement bénéfique à l’environnement.
Et si tant d’argent a été investi et continu à être investi dans cette filière c’est bien parce que les lobbies des fournisseurs d’hydrogène qui sont aussi pétrolier pour une bonne part savent utiliser leur pouvoir de persuasion comme le souligne cet article :
http://www.larecherche.fr/content/reche ... le?id=6041 (l’inscription est gratuite pour pouvoir le lire en totalité)
Don, selon moi la solution la plus pertinente à l’heure actuelle est celle de l’hybridation qui permettra de réduire notre consommation énergétique (objectifs n°1), de favoriser le développement de moteurs thermiques plus efficaces et adaptés au bio carburant et de financer les recherches sur les batteries. Ce qui permettra d’accompagner la transition vers le tout électrique ou la production vertueuse de bio-carburant selon les progrès techniques de ces 2 voies.
L’hydrogène impose de trop grand changement d’infrastructures à moyen terme pour combattre rapidement la menace du changement climatique (car il y a urgence) et surtout n’offre donc aucun intérêt écologique par rapport aux autres solutions.
Donc
Elji, merci de ne plus participer à ce « Green Washing » en présentant toujours les véhicule à PAC comme étant « zéro pollution », puisque c’est faux pour l’instant, d’autant plus que la vapeur d’eau émise à l’échappement participe aussi à l’échauffement de la planète avec un potentiel de réchauffement global 8 fois supérieur au CO2 et participe de plus à un appauvrissement en oxygène de l’atmosphère, mais bien sûr l’eau est inoffensive pour l’homme (comme le CO2…).
Cf. ici :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Gaz_%C3%A0_effet_de_serre .